là-bas
je cours le long du sentier verdoyant de ma vie, je contourne les arbres, j'évite les gros cailloux, j'ecrase en passant les feuilles sous mes pieds, je continue de courir, je ne vois pas de lumière, je m'essouffle, je repire, je manège mon rythme tant que je peux, des brindilles par ci, des tiges brisées par les vents par là, je cours, je cours, dans ma course je ne fredonne rien, je ne pense à rien, je fais le vide, je tremble de vide, je m'envole par moments en sautant par dessus les bûches, je mène la danse de mes pieds alourdis par le ramage de mes mains autour de l'air qui m'englobe, je trébuche en pensant à ce que demain je serai, je me gronde, je m'envenime, je bloque tous les flux nerveux qui frollent l'errance, je m'applique à vivre, je m'aspire dans mon univers, et je cours, je lance mon corps dans l'espace dans des mouvements anarchiques, je ferme les yeux, je me balance du haut de la falaise de ma raison, rien ne me retient, je me libère, je suis plus légère, mon noeud dans le ventre, je respire profondèment, j'accumule mon énergie, et d'une enjambée je reprends ma course sur mon chemin sinueux, la clairière n'est pas loin, je cours, je vais courir jusqu'à y figurer...
IB.
IB.